L’Échappée Belle 2015 – 144 km – 10900 de D+.

Quatre cents dix huit… voilà exactement le nombre de coureurs qui se sont élancés ce vendredi 28 août à 6h00 de la ligne de départ située à Vizille en Isère pour cette Échappée Belle 2015. A ce moment tous savent que ce sera difficile, certains pensent peut-être même déjà qu’ils n’iront pas au bout, mais en tous les cas, peu sont capables d’imaginer que plus de la moitié va abandonner …

Bienvenue sur cet ultratrail connu pour être plus difficile que l’UTMB voire même que le GRP 160…

Au moment du départ, on ne peut pas dire que c’était la grosse ambiance chez les coureurs, le speaker a bien essayé de nous faire crier, mais on sentait bien beaucoup de retenue, de tension, de concentration, voire de crainte ! Tout le monde devait être pressé de partir pour enfin en découdre avec ce parcours un peu hors normes, mais ça, on ne le sait pas au début. La première partie annoncée comme « facile » correspond juste à 16,5 km pour 1500m de D+… une sorte de « Montée du Ventoux » comme amuse-gueule. Evidemment cette portion va se faire lentement de nuit, mais assez facilement , histoire de faire la première transition, en retirant la frontale pour débuter la course de jour. A partir de ce moment le but à atteindre s’appelle « Croix de Belledonne », altitude 2926, soit 16 km à parcourir , avec 1700m de D+ cumulé … Je savais que c’était le gros morceau de la journée, je n’ai pas été déçu. En clair, ça monte fort, sur de la caillasse un peu technique, mais c’est jouable, seul bémol, il faisait très chaud avec un soleil de plomb ! Ajouté à cela , je pense que au-dessus de 2500 m il doit y avoir quelques petites différences au niveau oxygène, résultat, les derniers km ont été très difficiles, de légers vertiges, des petites sensations de nausées, mais rien de bien grave, une fois au sommet j’ai pu admirer le paysage, et il était sincèrement magnifique !!

Ensuite, dès que j’ai entamé la descente, tout est redevenu normal, de plus je savais que dans 3 km je trouverai le prochain ravito, où j’ai pu me gaver de fromage !! Et refaire les pleins…
A partir de ce moment, la principale difficulté est rapidement apparue au niveau du « revêtement », on avait l’impression qu’un petit malin avait disposé les fanions, les rubalises, à sa guise, en s’amusant à tracer des lignes les plus verticales possibles, là, où normalement on ne marche pas, c’est à dire sur les pierriers !! Soit des pierriers avec des rochers de 1 à 2 m de diamètres, soit avec des pierres de 30 à 50 cm, soit le mélange des deux… en clair, un jeu d’équilibre, très technique où la chute est interdite.

J’ai réussi à traverser tout cela sans encombre, sans me blesser, mais en étant bien fatigué par des efforts peu communs… il va falloir que je m’entraîne sur de tels parcours. Je fus donc très heureux d’arriver à la première base de vie, km 62, avant la nuit. A ce moment on était déjà à 5000 de D+… Bien sur, gros ravitaillement, les pleins en boisson, changement de chaussettes, de chaussures, crèmage des pieds.

Je me sens bien, prêt à affronter cette nuit, car j’ai découvert que j’aimais ça, en vérité j’aime même mieux être seul que en groupe, pour profiter pleinement de ces moments particuliers liés à l’obscurité, à la fatigue…

Sauf que je n’avais pas imaginé que la galère du jour allait continuer de nuit, avec la même technicité, donc les mêmes dangers, notamment sur les 25 km suivants. Tout d’abord un premier col qui va nous amener de 1500m à 1900m , quasi facile… par rapport à la suite… Car une fois en haut, il a fallu redescendre, toujours sur des chemins inexistants jusqu’à 1100m  d’altitude . Heureusement qu’on ne m’a pas annoncé qu’il fallait maintenant gravir 1300 m de D+ en seulement 6 km, pour atteindre le Col du Moretan, altitude 2487m. Pour être honnête, ce ne fut pas une balade joyeuse, mais 6 km où chaque pas était difficile, à cause de la raideur de la pente, plus bien sur le fait d’être quasiment à 100% sur un pierrier…

Quel soulagement d’arriver au sommet !! Quel bonheur de comprendre que la descente s’annonce aussi difficile, donc aussi lente !! Mais ça c’est le concept de base que j’ai compris au fil de la course : on ne va pas plus vite dans les descentes, à quelques rares exceptions lorsqu’on est plus en plaine.

Heureusement le jour se lève, et l’approche de la 2e base de vie redonne du baume au corps. Mais tous ces derniers km ont été particulièrement longs et pénibles.  Je fus donc bien content d’arrivé au 96 km. De nouveau, au petit soin pour mes pieds, et un temps d’arrêt assez court, car j’étais un peu gêné par l’ambiance générée par les coureurs du 47 km qui s’apprêtaient à partir à 10h. Je me suis donc enfui de cette foule, qui allait bientôt me rattraper . J’ai eu ainsi le plaisir de voir les premiers du 47 me doubler comme des sprinters , en pleine côte !! Puis ensuite ce fut moins sympa car je ne voulais pas ralentir les suivants, donc je devais faire l’effort de les laisser passer, puis petit à petit le flux s’est calmé, et j’ai compris qu’ils n’allaient pas tous me doubler… voire même que je pouvais en suivre certains ! Je me suis ainsi reboosté grâce à ces coureurs avec qui j’ai commencé à sympathiser au fil des km, j’ai ainsi été proche de deux groupes de gars qui faisaient la course en groupe, du fait de la différence de niveau entre eux, ils devaient souvent attendre le dernier de leur groupe, ce qui me permettait régulièrement de les doubler, puis de me faire doubler….génial !!

Cette journée du samedi a ainsi été beaucoup plus facile, entre autre car les portions étaient par fois un peu plus roulantes en descente. Ce qui ne nous a pas empêché de se refaire quelques passages à plus de 2000m. Je suis ainsi arrivé au dernier ravito, à 13 km de l’arrivée, à un moment où il faisait encore jour. On m’annonce 3h pour en finir…un peu dur à attendre mais tant pis il faut y aller.

Je m’élance motivé, pressé d’en finir. De suite une sorte de chemin vertical qui casse les jambes, je crois être monté pendant plus de 30mn à 1 km/h avant de m’arrêter pour souffler et sortir ma frontale. Je n’y crois pas, pendant que je cherche ma lampe, je vois passer un groupe de 3 coureurs du 144, puis un 4e… GRRR………

Je reprends ma marche , je cherche à relancer un peu et je réussi à tous les redoubler, je suis à ce moment super content, cuit mais content !! Je réussis à les semer, et je suis finalement rejoint par une coureuse du 47km que j’avais vu plusieurs fois dans la journée, je sens qu’elle a envie de m’aider, et on décide de faire route ensemble. Grace à elle je crois sincèrement avoir fait ma meilleure fin de course possible, du moins intelligente, j’aurais pu tirer un peu plus sur la machine, mais à quoi bon… car évidemment un des 4 a réussi à suivre des coureurs du 47 qui finissaient fort, et les 3 autres ont pu bien s’entendre dans la gestion de leurs efforts, et m’ont doublé à moins d’un km de l’arrivée. Rien de bien grave…

Je franchis la ligne d’arrivée au bout de 40h 20mn, je finis 53e sur 195 finishers ! Nous étions 418 au départ .

Je suis ravi d’avoir fini cet ultratrail peu commun, atypique, mais faisable, si on accepte de marcher sur le territoire des chamois, géré de mains de maîtres par les organisateurs, entourés par des centaines de bénévoles adorables ! Merci beaucoup à eux tous.

1 Comment
  • Sylvain

    2 septembre 2015 at 20 h 55 min Répondre

    Génial ce CR coach, on vibre une fois de plus ! Merci.

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